Bruxelles : une grève qui fait rire jaune

, par LaPeg M. 

Aujourd’hui, des fonctionnaires européens (dont les salaires, pour les titulaires s’échelonnent de 2500 à 17 000 euros nets d’impôts) ont entamé un bras de fer salarial avec leur direction (les pays européens qui ont décidé de geler l’indexation de leur salaire).

Passons l’arrogance qui s’étale au quotidien dans les rues de Bruxelles, c’est le décalage constant entre les modes de vie, les salaires (qui ont fait exploser les loyers et les coûts des acquisitions de logements moyens et forcent à l’exil de nombreux brusseleir) et le reste de la capitale européenne (qui est une ville pauvre qui compte 30 à 40% de chômage selon les quartiers) qui fait éclater des rires grinçants aujourd’hui des Marolles à l’Altitude 100, d’Anderlecht à la gare du Midi, de Molenbeek aux fins fond de Jette. Rappelons au passage, qu’usagers méprisants d’une ville qu’ils trouvent dangereuse et trop populaire, les fonctionnaires européens ne sont pas soumis aux taxes locales.

Tous les chroniqueurs signalent l’événement avec ironie. Une fois n’est pas coutume mêlons-nous aux réprobations dégoulinantes des anti-grèves, mais pour d’autres raisons. Les zélateurs libéraux pleurent aujourd’hui comme de vulgaires cheminots ou agriculteurs devant les portes du Berlaymont, voilà un beau retournement.

Moins drôle, la situation des milliers de vacataires et prestataires de service, mais la solidarité des grévistes du jour s’exprime t-elle ailleurs que dans l’entre soi international des titulaires ?

Versons une larme : "Les agents détachés dans les ambassades ont des avantages bien plus importants que nous, comme des voitures de fonction" dit le gars payé 6000 euros nets par mois. Nos corps se secouent de tristesse à l’écoute de cet autre : "C’est valorisant de travailler dans un milieu international mais je ne peux pas travailler dans ma langue maternelle". Ouin, ouin, petit choux (de Bruxelles). C’est qu’ils ont des frais de téléphone, les "gens de la commission", faut les comprendre.

Les habitués des commentaires en costume cravate, dans les stations de métro proches des institutions européennes lors des mouvements sociaux dans les transports publics ou des manifestations agricoles ont du mal à être solidaires des grévistes du jour, habituellement peu charitables avec les "preneurs d’otages" qui battent le pavé.

Sur le fond, il est clair que ce qui est réclamé est dû compte-tenu des accords préalablement négociés, et qu’on voit mal au final pourquoi ce qu’on voudrait voir appliquer partout ne le serait pas ici aussi. Simplement le destin fait preuve d’ironie et le mouvement, semble bien mal venu. Il n’est pas difficile pour les États de jouer, via les média, avec l’antipathie générée par le mouvement : les fonctionnaires européens savent déjà sans ça se faire détester.

Reste que de l’avis général, alors que des élus Belges de la ville décident de leur côtés de renoncer à une partie de leur prime pour soutenir des associations sociales de la ville, dans la demeure des dieux, on continue à faire des caprices.