Le bouffon qui cache la forêt...

La mémoire, ça se travaille : les indigènes bousculent Dieudonné !

, par Alfred

C’est l’affaire qui fait peur aux enfants : derrière le terrible Dieudonné, serait-ce la France noire tout entière qui virerait antisémite ? Les journaux débitent les conneries habituelles, mais avec l’appel des indigènes de la Republique, les bougnoules ouvrent enfin grand leur gueule. Et ca va chier des bulles...

Dieudonnade

Ça y est, Dieudonné a remis ça, il s’est encore lâché, encore un dérapage antisémite. Ca n’aura pas suffi que notre bon premier ministre se fende d’une critique, on ne rit pas avec la haine qu’il dit, jusqu’à la grosse poire socialiste Hollande qui en aura rajouté une couche, ce Dieudonné on devrait le poursuivre en justice, oui ma bonne dame, pour négationnisme ou un truc dans le genre. Et c’est en cours, l’ami Perben s’y est mis lui-même, s’il y a matière à poursuivre on va poursuivre. Qu’a-t-il dit, au juste, notre humoriste, devant un parterre de - scandale ! - journalistes arabes ?

Eh ben, à vrai dire, personne n’en est bien sûr, apparemment. Il a été fait mention de pornographie mémorielle. Dieudonné aurait cité une historienne israëlienne commentant sur le détournement de la mémoire de la Shoah, pour critiquer l’instrumentalisation politique de ces commémorations. Elle nie, disant qu’elle n’a jamais écrit ça, mais il s’avérerait qu’elle l’aurait bien écrit, mais juste dans la version anglaise du livre, mais surtout pas pour soutenir les immondices proférées par ce gros raciste de Dieudonné, hein, attention.

Alors depuis les premiers commentaires tout ce qu’on peut objectifs de l’inénarrable Proche-Orient.info (rois du cut-and-paste, leur version éditée des propos de Dieudonné aura été allègrement reprise par tout le monde), ça n’arrête plus. Matraqué au sens propre comme au figuré, Dieudonné s’est laissé glisser dans un bourbier dont il ne sortira plus, enchaînant demi-explications, blagues de plus en plus douteuses, et références puantes à l’épouvantail éternel, le lobby juif. Et tout s’accélère ; la liste des poursuites en justice s’allonge, telle les déclarations de guerre de l’automne 1914, la République contre Dieudonné, Dieudonné contre Proche-Orient.info, TFJ contre Dieudonné... Dieudonné en voyage en Martinique se fait démonter la gueule par trois types, et se voit défendu en public par les politiques locaux. Dieudonné se retrouve défendu pour l’impardonnable, parce que les réactions à son encontre sont incroyables. On sent la frustration monter : on n’a jamais autant entendu parler d’un éventuel travail de mémoire sur l’esclavage et le colonialisme, qu’aussitôt le sujet est repoussé en seconde ligne. Dieudonné sourit, l’oeil malin. Pas sa faute, à lui. Il n’écrit pas les infos. Et puis c’est pas nouveau que les tarés du Betar et de la Ligue de Défense Juive lui en veulent. Ils ont multiplié les agressions contre lui, son public, ses spectacles. On voudrait te lancer une dérive communautaire qu’on réussirait pas mieux ni plus rapidement.

Qui On ? Eux, bien sûr. La paranoïa antisémite dans laquelle s’enfonce lentement Dieudonné fait face à sa version inverse, qui voit des antisémites partout. Ils lui en veulent. De l’autre côté, on voit derrière Dieudonné une masse informe englobant tous ceux qui lui trouveraient la moindre des excuses, et tous ceux qui ont jamais été vus en public pas loin de lui, et tous les gens de gauche qui oseraient critiquer la politique d’Israël, et tous ceux qui osent se dénommer « indigènes de la République », et n’importe qui qui ne soit pas d’accord pour lyncher l’ami M’Bala M’Bala, on trouvera bien une raison, Ils sont partout, les antisémites. On va aller loin comme ça. Lancée de manière pour le moins douteuse par le site agressivement pro-israëlien proche-orient.info, l’affaire Dieudonné a enflé en prémisse de guerre civile communautaire, si l’on en croit les cris affolés de la presse française.

Alors nos journalistes enquêtent ; derrière Dieudonné, tout à coup, on découvre avec les journalistes ébahis le « malaise noir ».

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Le malaise noir !

Quoi !? Mais enfin ? Il y aurait des non-blancs en France ? Dame ! Pour tout le papier noirci d’insultes contre Dieudonné, on n’aura jamais vu autant d’articles de fond sur les communautés noires françaises ; tout le monde s’y est mis, Libé, Le Monde, Le Nouvel Obs, chacun y va de sa petite explication, de son analyse de fond. On apprend grâce à eux que, ben y a pas de quoi en être antisémite quand même, mais c’est vrai que bon, niveau mémoire, on se fout un peu de la gueule des nègres en France, quoi. Un peu.

Tiens tiens. D’un coup d’un seul, entends-je, les écrans de télévision se tropicalisent. On voit des tronches plus bronzées que de coutume, plus souvent, histoire de sous-entendre que des noirs gentils, il y en a aussi. On aura même vu des entretiens avec Serge Romana, le chef de file du bien propre sur lui Comité Marche du 23 mai 1998(voir notre article), dans l’Huma, dans Libé. Il y a peu, organisant une conférence de presse pour parler des commémorations des 200 ans du rétablissement de l’esclavage, Romana, commentait avec un sourire l’absence totale des grands organes français. Son calme et ses positions modérées doivent enchanter nos journalistes, ouf, les nègres ne sont donc pas tous enragés. Il fait pitié, mais il ferait presque peur, le Dieudonné. C’est qu’on ne sait pas, voyez-vous. On vient juste de les découvrir, ces nègres de la République. Serait-il à la tête d’une armée de nègres antisémites le couteau entre les dents ? Parce que profitant du projo braqué sur la gueule de Dieudonné, des revendications ont su finalement se faire entendre qui demandent un peu plus de respect et de considération pour les enfants noirs de Marianne.

La République en danger

L’appel des indigènes de la République, qui amasse de nouvelles signatures tous les jours, tentera d’organiser une grande marche le 8 mai prochain pour célébrer les massacres de Sétif et Guelma [1], au grand dam d’un peu tout le monde. L’idée, c’est que les indigènes de la République ont décidé d’ouvrir leur gueule. Ça vous pendait au nez, les gars, faut pas se plaindre, hein...

Mais la presse ne se plaint pas tant qu’elle tance, comme un bon papa. Si les nègres se lèvent, laisse-t-on entendre parfois, c’est probablement pour tuer du juif. C’est ainsi que Philippe Bernard dans le Monde fait subtilement remarquer que même si Dieudonné n’a pas signé le Manifeste, il y en a d’autres des pires que lui dans la liste, ça sent les rouge-bruns cette affaire.

C’est qu’il y a des signataires pas très corrects, style Tariq Ramadan, style des organisations qui pensent qu’une fille peut porter un voile à la con et rester un être humain, des cinglés d’intégristes, genre. S’ils ne s’écartent pas officiellement de ces pingouins c’est surement qu’ils en veulent aux Juifs, et à la France ! Et le M’Bala M’Bala, qui aurait entendu parler du Manifeste (vous voyez bien qu’il y a un lien), a aussi des fréquentations pas très recommendables, si l’on en croit le Nouvel Obs : des négationnistes alsaciens, des pro-palestiniens haineusement antisémites, mais aussi les grandes gueules afrocentristes du parti Kémite. Pas des enfants de cœur ; allez voir leur site, et dites-moi si vous ne le sentez pas aussi, le doux roulis de la dérive communautaire...

Nos journalistes, ils ont un sixième sens, et il sentent la possibilité antisémite derrière ce mouvement. C’est qu’ils n’en parlent pas beaucoup (c’est seulement maintenant à la mode, hein, aussi), mais ils connaissent l’histoire, et en termes de dérive communautaire l’histoire c’est l’Amérique, et on sait ce qui arrive : Farrakhan. Grands enfants noirs, ne tombez pas dans Leur piège, qu’ils nous disent. Chaque fois qu’on interviewe un noir, on lui demande son avis sur Dieudonné, histoire d’être sur. Tellement que Christiane Taubira en a ras les miches. On ne peut plus être noir sans avoir à parler du comique. C’en est presque frustrant, ce qu’elle explique ici.

Mais on ne peut pas les blâmer, nos têtes pensantes. Ils ont le nez fin. Eh oui les amis ; il semblerait qu’elle est bien là, finalement, cette dérive communautaire tant redoutée. Le mensonge de l’assimilationisme français ne pouvait plus survivre très longtemps, voyez-vous, malgré les Gaston Kelman, malgré les doctes débilités d’un Hollande. Avec les grands comiques de la Gauche Républicaine, ils nous font la leçon : mais enfin, qu’ils nous disent tous, c’est plus le temps des colonies, hein, quand même, faut pas exagérer ! Ah ça c’est sûr, les indigènes de la République sont probablement mieux traités que leurs ancêtres. Nous ne sommes peut-être plus des citoyens de second ordre, mais l’ascenseur s’est arrêté entre les deux étages, à l’américaine, précisément. Alors bien sûr, avec un peu d’agilité on peut se faufiler au-dessus, s’épousseter et faire comme si de rien n’était. Mais il ne faut pas s’étonner quand ceux qui restent dans la cage se mettent à ruer.

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Christiane Taubira

Alors entre le P.S. et les grands organes de presse, de Raffarin au Nouvel Obs, on aurait peut-être préféré avoir été les premiers à alerter la nation de la situation des indigènes. Ça aurait moins fait tâche.

Idéalement, on n’aurait rien dit du tout, comme d’hab.

Quand les bougnoules revendiquent pour eux-mêmes, ça fait suer les fesses, on ne sait jamais de quoi ils sont capables ces sauvages. Mais ils ont eu leur chance, nos politiques, nos media, qui se disant qu’il n’est jamais trop tard, enchaînent maintenant les sujets sur le malaise. Le ton concerné est de rigueur. Ils ne cachent pas vraiment que c’est bien l’affaire Dieudonné qui les aura poussé à mettre des Noirs en première page. Souvent, la presse finalement obligée de parler des Noirs se débrouille pour minimiser le plus important et relancer sur ce qui intéresse vraiment, à savoir si les noirs sont antisémites comme leurs homologues ricains ou merde.

De la hiérarchie des crimes

Dans le concert des lamentations contre Dieudonné, j’ai relevé un commentaire involontairement intéressant, dans l’article de Sopo, président de SOS Racisme, qui se la donne à fond dans « Contre le Corporatisme racial » :

« En contrepoint, vous affirmez qu’on ne parle pas suffisamment de l’esclavage subi par les Noirs pendant plusieurs siècles. Comme si finalement l’espace médiatique occupé par la dénonciation de la Shoah se faisait au détriment des drames subis par les populations noires à travers l’Histoire. »

Ah ben ça c’est sûr, c’est triste à dire. Le problème c’est qu’en effet, l’espace médiatique n’a pas beaucoup de créneaux pour les génocides. C’est pas super-vendeur, comme sujet, à la base, mais de par chez nous, s’il y a un truc qu’ on n’aime pas faire, c’est ressasser nos erreurs passées. Le génie français s’accommode mal de ses périodes d’immondice. Combien d’années aura-t-on attendu des excuses officielles pour la collaboration active de l’Etat Français pendant la deuxième guerre mondiale ?

La vraie France, la France Libre, me direz-vous, était ailleurs, pendant cette période funeste. Des années passées à honorer les trois résistants pour exonérer les mille collabos, la théorie du bouclier vichyssois, vous vous en rappelez ? On se tape tous dans le dos sur les plages du débarquement, de nos jours, c’est facile et ca ne mange pas de pain. On va faire la tronche à Auschwitz en disant je me souviens, mais ces expressions officielles du devoir de mémoire ne se sont pas imposéees facilement. C’est aussi en se trouvant des héros que la France a accepté de demander pardon pour ses salauds. beaucoup moins facile quand il s’agit de l’esclavage...

L’omerta sur la traite, l’esclavage et le colonialisme n’est clairement pas la faute d’un hypothétique et insaisissable lobby juif.

C’est beaucoup plus clairement l’affaire d’une certaine élite française, d’historiens qui tel Max Gallo estiment que le rétablissement de l’esclavage par Napoléon, c’était quand même pas la fin du monde ; de grands hommes politiques qui, tel notre bon président, ne se contentent pas de se plaindre du bruit et de l’odeur, mais nous rappelait récemment que les nègres sont après tout, de grands enfants, en toute impunité, sans que ça ne choque trop au CRIF ou au MRAP. C’est celle des media, eh oui, qui se branlent des communautés noires et accessoirement se branlent dessus quand il y a une bonne raison, style Dieudonné.

La revendication qui fait vraiment chier c’est qu’on appelle au souvenir. Le souvenir, c’est 500 ans d’agression colonialiste, et l’obligation logique de reconnaitre ses conséquences actuelles, et donc de se remettre en question, dans nos mots, dans nos pratiques. Les sans-papiers d’aujourd’hui sont à bien des égards les descendants des esclaves et des euphémistiques "travailleurs forcés" des colonies. Ce qu’on demande, c’est un travail de mémoire qui résonne dans le présent, ca fait pas toujours plaisir.

Le fin mot de cette histoire, c’est que sans scandale on n’arrive à rien. Si la Shoah s’est installée dans l’inconscient collectif comme le pire du pire, ce ne fut pas sans lutte, et la lutte pour la reconnaissance de l’Holocauste sera passée par le scandale. Scandale des témoignages de déportés, scandale des images de libération des camps, imposés non sans mal dans les années suivant la fin de la guerre. Le travail de mémoire a été remporté de haute lutte, principalement par des membres de la communauté juive, quand le monde occidental ne voulait pas regarder en face les fruits de sa propre pourriture. C’est la force des écrits de Primo Levi, de Elie Wiesel, de Hannah Harendt, l’action incessante de Simon Wiesenthal et des évènements aussi médiatiques que la capture d’Eichmann par le Mossad et son jugement qui ont imposé la Shoah à un monde qui aurait préféré oublier.

L’oubli et l’indifférence sont deux instruments nécessaires au génocide. Le scandale, culturel et médiatique, est une arme classique de la communauté opprimée, et une des plus efficaces pour marquer les esprits. Dans le grand cirque de la reconnaissance mediatique, la Shoah aura aussi eu le triste avantage de s’être déroulé au centre de l’Europe, dans une multitude de pays, où personne ne peut la nier, et d’avoir laissé des traces visibles et visitables. En Martinique, on transforme les anciennes cases d’esclaves en Club-Med. Cherchez l’erreur.

Quand on essaye tout ce qu’on peut pour maintenir les yeux de Marianne grand ouvert sur les atrocités subies par ses indigènes, il est plus facile pour elle de prétendre ne rien voir. Parce qu’il n’y a rien à voir ; tout cela s’est passé si loin, sur les océans, dans des contrées lointaines, pas une trace en métropole, et pendant si longtemps, et que tout le monde le faisait, alors quoi non vous pensez pas que vous exagérez un peu ? On s’indigne bien sur, mais en même temps est-ce que vous en faites pas beaucoup du foin, pour des trucs si vieux ? C’est en substance ce que nous dit Max Gallo.

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Alors quoi ! ca fait longtemps qu’on les aime, nos indigenes...

C’est la lutte finale

Alors il semblerait bien que la reconnaissance de l’esclavage, un fait historique lointain et plus ou moins invisible, invisibilisé, ne semble pouvoir être envisagée qu’en exergue à un scandale. Le scandale arrive, mes amis. C’est presque en douce, et à grands baillements qu’avait été votée en 2001 la loi Taubira faisant de la traite négrière un crime contre l’humanité. Allez les nègres, voilà des cacahouètes, qu’ils pensaient. Méfiez-vous de l’eau qui dort. L’ami Gallo est en passe d’être poursuivi pour négation de crime contre l’humanité par, entre autres, Mme Taubira.

Ça ressemble à une offensive. Je comprends que ça n’enchante pas tout le monde. C’est qu’on sent bien qu’à terme, il va encore falloir s’excuser officiellement et t’inventer des journées du souvenir... Quand la fumée de l’affaire Dieudonné retombera, nous constaterons peut-être que ses dérapages auront agi comme catalyseur pour emmener la discussion là où elle devrait être. La République Française aura mis le temps, mais elle a reconnu ce qu’elle doit à la communauté juive. Elle aura vu sa belle gueule ravagée sous son bonnet phrygien au miroir de son histoire antisémite, et bon gré mal gré bu sa honte et proclamé avoir compris. Passons sur l’hypocrisie de la chose : l’antisémitisme est ainsi devenu un stéréotypique "vieux démon de l’Europe", une possession dont elle aurait exorcisée en 45, comme si la reconnaissance de la Shoah avait pour toujours éradiqué sa possibilité. Le racisme européen n’a jamais disparu, contre les Juifs, contre l’Autre, le différent, l’inférieur. S’il est désormais moins aisé de clamer haut et fort sa haine du juif, on peut toujours s’en tirer quand on parle des autres, pourvu qu’on s’y prenne correctement. On leur a apporté le chemin de fer aux sauvages, quand meme.

Eh bien il est temps de rappeler à Marianne qu’elle a encore beaucoup de choses à se faire pardonner. Comme dirait mon frère, je pardonne à qui m’a offensé... mais j’ai la liste ! On ne lâchera pas la République de si tôt. Un petit "désolé..." de temps en temps, c’est sympa, et c’est pas cher. Deux trois gerbes, deux trois discours, hop la c’est emballé. Personne ne se fait d’illusion sur la sincérité ni l’efficacité de l’entreprise. L’idée c’est que comme pour l’Holocauste, plus on en parlera plus ca restera dans les mémoires. Un début plutôt qu’un but, si je puis me permettre.

Mais il ne faut pas s’étonner si les Kémites et Dieudonné se trouvent de plus en plus d’amis dans les jours à venir. A emballer des entreprises aussi louables que celle des indigènes avec celles de figures aussi douteuses, c’est le communautarisme qu’on encourage. Le mensonge de l’assimilation française aura fait long feu. Quand on dit une chose et qu’on en fait une autre, il faut savoir s’attendre à des conséquences. Les indigènes ne font qu’appliquer les valeurs sensées faire la beauté de notre démocratie. Alors on peut se lamenter avec les grands penseurs français de tant d’audace, ou s’en féliciter tel Mirabeau. J’ai choisi mon camp.



Les Noirs ici sont mieux de là-bas

Les Noirs on les aime bien, en France, et on soutient
leur lutte ... quand ils sont loin et qu’ils confortent
notre vision de nos ennemis.

La lutte pour les droits civiques aux États-Unis, contre
l’apartheid Sud-africain, pour la libération de Mummia,
ça c’est bien, c’est légitime et c’est loin, on soutient, le jazz à St Germain c’est rigolo et ça ne pose pas trop de questions.

Le succès du livre de Serge Bilé, laisse dubitatif l’observateur : un titre racoleur
(le bouquin traite des Noirs dans les camps mais surtout de l’histoire africaine allemande (massacre des Héréros etc....)) et un contenu intéressant mais quand
même pas si fulgurant (1) : alors pourquoi ce succès ?

Les Nazis, c’est le mal absolu ; c’est simple et ça ne pose pas de question, au quotidien ou au national. Les méchants c’est toujours les autres, les Allemands sont les gorets de l’humanité ... Un Noir chez les Nazis, ça ne mange pas de pain, c’est pas les tirailleurs sénégalais avec leur solde
de merde qui réclament des sous, ou des prolos de Mamadou de 14 ans qui pètent la gueule à des "gentils " lycéens bourgeois en lutte pour leur piquer leur lecteur mp3, qui eux nous poseraient des questions sérieuses sur le social.

Les Noirs, c’est bien quand c’est lisse, que ça danse et fait du sport, ou que ça s’appelle Gaston Kelman et que ça vous suçe la couenne dans le sens du poil. Le hic c’est que le Y’a bon banania a de moins en moins cours et que de Haïti à la Françafrique on sait maintenant que si on veut avoir une lecture manichéenne du monde, la France dans toute sa splendeur a droit aussi à sa palme de méchant, mais avec la déclaration des droits humains sous le bras. C’est qu’on avait pas compris : croyez ce que je dis mais ne cherchez pas à l’appliquer.

Les indigènes, tout branquignoles qu’ils soient sont tellement dans le débat français à la française que ça fait trembler dans les chaumière : merde ! des Noirs on en a aussi avec des couteaux entre les dents...

(1) j’aimerais bien qu’un bouquin sur le génocide des Tziganes ait la même audience - pas possible : les Tziganes ils font toujours chier ceux-là avec leurs marmots - bon débarras.

LP

Notes

[1Le 8 mai 1945, des manifestations pacifiques d’indépandantistes algériens finissent dans un bain de sang. On estime que plus de 10.000 Algériens furent massacrés par l’armée francaise alors que l’Europe célébrait la fin de la guerre... Voir un court compte-rendu ici