C’est une histoire bien singulière et pour le moins confidentielle qu’aborde From swastika to Jim Crow, le documentaire de la chaîne TV américaine PBS (Public Broadcasting Service, La chaîne publique américaine, accessoirement responsable de la plupart de ces documentaires intéressants et ô combien didactiques souvent diffusés sur la 5ème). L’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933 met au chômage les intellectuels juifs allemands, et en particulier les professeurs d’université, interdits d’enseigner par les lois racistes édictées par le parti nazi. Cest à ce moment que nombre de professeurs s’exilent vers les Etats-Unis, avec plus ou moins de succès ; si les intellectuels de renommée tels Einstein trouvent très facilement de nouveaux postes et affectations dans l’Amérique de Roosevelt, la plupart des exilés se trouvent confrontés à l’hostilité générale, antisémite et anti-allemande, et ce jusque dans la classe professorale. A leur grande surprise, il sera cependant des universités plus qu’heureuses de les accueillir : les universités noires américaines, centres d’éducations réservés aux noirs de l’Amérique ségrégationniste, voient en l’arrivée de ces professeurs une occasion unique qui profitera aux deux groupes.
Les années d’alliance
C’est donc l’histoire de cette expérience culturelle que décrit le documentaire, avec les témoignages des professeurs et élèves survivants. Trouvant aux USA un état de fait étrangement proche de celui qu’ils quittaient en Allemagne, les professeurs juifs allemands se rapprochèrent de la communauté noire américaine, dans un mouvement à l’époque déjà typique de la communauté juive (aux Etats-Unis, mais aussi en Afrique du Sud, où la communauté juive fut longtemps le soutien le plus actif des mouvements anti-apartheid).
Celle-ci, en effet, par l’entremise de personnages tels que Henry Moscowitz, aida W.E.B. DuBois à créer le premier grand mouvement politique noir américain, le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) en 1909. Le site dédié au documentaire aborde brièvement l’histoire de l’alliance entre les communautés juives et noires aux Etats-Unis. Le mouvement qui au début du XXème siècle aboutira à la création du NAACP trouve ainsi notamment son origine dans la presse juive américaine, qui compare l’exode des Noirs du Sud des Etats-Unis à celui des juifs hors d’Egypte, souligne que le juif européen et le noir américain vivent tous deux dans de bien semblables ghettos, ainsi que sous la menace permanente du pogrom, terme que les journalistes juifs emploieront pour désigner les émeutes anti-noires alors fréquentes aux Etats-Unis. Le soutien et la lutte communs se perpétueront avec plus ou moins de bonheur jusqu’à la fin des années 60 et à l’avènement du Black Power. C’est alors que la séparation s’effectue, alors que les activistes noirs ont de plus en plus de mal à se trouver des points communs avec une communauté juive complètement intégrée à la société américaine. C’est l’éclatement de l’alliance, et des personnalités comme Farrakhan vont jusqu’à attiser les sentiments antisémites de la communauté noire pour consommer la rupture.
Les différentes personnes interviewées dans le documentaire regrettent que la relation entre les deux communautés se soit effritée avec le temps. Récemment encore, le Révérend Jesse Jackson appelait à un rapprochement, évoquant l’époque où tous marchaient du même pas manifester pour les droits civiques. C’est cependant dans les racines de la relation entre les communautés juives et noires aux Etats-Unis qu’il faut chercher nombre des problèmes rencontrés aujourd’hui, dans l’exemple qu’a incarné et qu’incarne toujours subtilement la communauté juive pour les différents groupes de la diaspora africaine. Cet exemple a pris toute sa dimension dans l’utilisation qui en fut faite par les branches américaines des mouvements de libération noire, de manière intrinsèquement faussée.
Racines du sionisme noir
C’est en effet en profondeur plus que dans l’action politique en soi que l’on peut constater l’importance de l’exemple juif sur la communauté noire américaine ; et c’est dans la culture chrétienne qu’il faut aller chercher les origines de cette relation.
La profusion de chants ayant pour sujet le peuple d’Israël dans la liturgie noire américaine n’est bien évidemment pas un hasard ; "Let my people go", pour en reprendre un des plus connus, dresse un parallèle évident entre la situation du peuple hébreu maintenu en esclavage par le pharaon d’Égypte, réclamant sa liberté, et les esclaves noirs américains. L’importance des chants religieux (ainsi que des chants de travail, ou field hollers) dans l’histoire de la communauté noire américaine est reconnue ; interdits de cercle de tambours (système de communication incontrôlable), les esclaves trouvèrent dans les chants religieux une manière détournée de crier révolte, mais aussi de faire passer des instructions codées sur les différents moyens de fuir (comme les negro spirituals "Swing Low, Sweet Chariot", évoquant la fuite en train, etc...). La "terre de Canaan", était ainsi aussi bien la terre biblique que celle qui s’étendait au nord du fleuve Ohio (le Jourdain des gospels), dans les Etats non esclavagistes. Ces images installent cependant des parallèles plus que métaphoriques. Les parallèles avec le peuple juif deviennent vite un trope dans la communauté noire, et le restent après la guerre de Sécession.
Le thème du retour à la terre d’Israël, basé sur les épisodes bibliques, trouve éventuellement un écho dans les actions et théories du mouvement sioniste de Herzl (voir l’article du Monde Diplomatique), et se voit ainsi adapté dans certaines branches du mouvement noir américain en retour en Afrique.
Or les bases du sionisme juif, déjà problématiques pour le peuple juif, sont complètement inadaptées à la diaspora africaine. Faut-il parler d’un peuple noir semé sur la planète, ou de peuples noirs, quand les esclaves issus de mêmes ensembles ethnolinguistiques sont dispersés à dessein par les esclavagistes pour dissuader tout rassemblement ? Cette destruction des nationalités précédant la déportation entraîne de nouvelles définitions pour membres de la diaspora africaine, en fonction de leur lieu d’arrivée. L’unité du peuple juif s’est affirmé chez les sionistes en soulignant l’impossibilité de leur assimilation aux sociétés non-juives, constat discutable s’il en est, mais inséparable de la réflexion sioniste ; mais qu’en est-il pour la diaspora noire : s’agit-il ici d’une impossibilité d’assimilation ou de la position intenable de celui qui est dedans et dehors en même temps, ubiquité de la diaspora africaine qui n’est pas chez elle dans les colonies où on l’a importée, et qui n’est plus chez elle sur le continent dont on l’a arrachée ? Quel retour, vers quelle Afrique ?
L’expérience du Liberia dès le début du XIXème siècle montrait l’échec patent, ainsi que le caractère résolument ambigu d’une telle entreprise : la colonie d’esclaves libres du Liberia fut en effet voulue à la fois par les abolitionnistes (Lincoln déclarera en 1854 : "Mon intuition serait de libérer tous les esclaves et les renvoyer au Liberia, leur pays d’origine" (voir ici, en anglais)) et les esclavagistes, ces derniers préférant voir les esclaves libérés rentrer dans une Afrique qu’ils ne connaissaient pas, plutôt que fomenter des révoltes et poser un bien fâcheux exemple pour leurs camarades asservis sur le territoire américain. La colonie passa aussi un accord avec la jeune République où elle acceptait de recueillir les esclaves présents sur les négriers arraisonnés par la marine américaine (la traite négrière ayant été abolie aux Etats-Unis en 1808, les contrevenants étant passibles de mort). Affrontant la population locale dès le début, les esclaves libérés américains se comportaient à la manière des aventuriers coloniaux de l’époque : les indigènes n’obtinrent ainsi un droit de vote jusque là réservé à la classe américano-africaine qu’en 1946 (voir chronologie de l’histoire du Liberia en anglais)... Le Liberia, avec son système de classes (la classe afro-américaine, les esclaves libérés des bateaux et des Antilles, et enfin au plus bas, les indigènes), reproduisait les inégalités héritées des pays colonisateurs, bien loin du rêve panafricain que Marcus Garvey chanterait bientôt.
Le Moïse Noir et l’ Universal Negro Improvement Association
Jamaïcain installé aux Etats-Unis (avant d’en être expulsé pour malversations financières en rapport avec sa compagnie maritime en 1927), Marcus Garvey est le premier leader charismatique de la communauté noire américaine à prôner l’autonomie de la communauté, à parler de fierté noire. Surnommé le Moïse Noir (bien avant le grand Isaac Hayes !), il allait aussi reprendre le thème du retour à la terre promise pour le compte des Noirs eux-mêmes. Dans des discours tels A place in the sun, Garvey appelle à la création d’un grand empire noir d’Afrique où tous les noirs issus de la diaspora africaine pourraient vivre et prospérer. Son entreprise, la Black Star Line, compagnie maritime destinée à créer des liens économiques entre les populations noires des Antilles, de l’Afrique et des USA, aspirait aussi à terme à jouer un rôle dans la création de ce grand empire noir évoqué par Garvey. Garvey, qui alla jusqu’à passer des accords avec le Ku Klux Klan (avec qui il partageait la vision de la séparation des races), reprenait à sa manière le rêve juif d’un retour à la terre d’origine, un Israël constitué ici de tout le continent africain (il reviendrait sur cette position en se contentant du seul Liberia, espérant ainsi obtenir un soutien des puissances coloniales qui, d’un autre côté, soutenaient le mouvement sioniste).
Une fois encore, une question évidente semblait entièrement mise de côté : où rentreraient les membres américains de ce que l’on nommait déjà la diaspora africaine ? Si les esclaves arrivant aux Amériques venaient principalement de la côte Ouest de l’Afrique, ils étaient aussi issus de peuples complètement différents, de cultures différentes, parlant des langues différentes, ensemble de différences effacées par le travail des esclavagistes, faisant de leurs esclaves des Américains, précisément. Les entreprises de Garvey semblent elles aussi témoigner d’une méconnaissance totale de la situation africaine ; si Garvey connaît bien les Antilles et la côte Amérique en général, lorsqu’il parle d’Afrique il semble plutôt vouloir parler du Liberia, alors un des rares pays indépendants du continent (avec l’Ethiopie, qui joue par ailleurs un rôle similaire dans les mouvances jamaïcaines rastafariennes et éthiopistes, rôle aussi influencé par l’histoire du peuple juif. En effet, les rastafariens considèrent que le peuple éthiopien descent du peuple hébreu asservi en Egypte), et surtout le seul à ne pas gêner les entreprises coloniales européennes. De même sa vision de l’Afrique semble bien proche de celles des sociétés occidentales de l’époque : un des points du programme de l’UNIA est de "civiliser les tribus arriérées d’Afrique"... Le Liberia, pays reconnu par les grandes puissances mondiales, pays américano-africain est-il aussi l’interlocuteur privilégié de Garvey parce qu’à l’image de l’Afrique rêvée par celui-ci ?
Le rêve panafricain de Garvey se verrait finalement porté par les Africains eux-mêmes, de manière autrement plus réaliste, sinon efficace. Si on ne peut que noter l’importance de l’action de Garvey pour les mouvements noirs atlantiques et plus particulièrement américains, toujours est-il qu’il a aussi imprimé ce rapport trouble aux mouvements juifs qui les minent jusqu’à aujourd’hui.
En dépit des incohérences de son point de vue sur les juifs (il oscille entre respect, défense des juifs et antisémitisme tout au long de sa carrière et sans grande cohérence), Garvey se réclamera lui-même longtemps d’un "sionisme noir", évoquant régulièrement l’action de la ligue sioniste en Palestine comme exemple de la marche à suivre :"De nombreux Blancs ont essayé d’aider [les Noirs], mais le seul moyen est que les Nègres aient leur propre nation, comme les Juifs, qui imposera le respect au monde entier de par ses accomplissements" ; "Si les Juifs peuvent avoir la Palestine, pourquoi pas une autre Palestine pour les Nègres en Afrique ?"- voir site en anglais). C’est cet exemple même qui d’une certaine manière, pourrit le mouvement noir américain jusqu’à aujourd’hui. Les distances que prennent les garveyistes d’avec les juifs américains dès les années 30 sont celles que l’on retrouvera dans les années 60. Le modèle cependant, reste le même, des citations bibliques de King aux insanités des groupes africanistes ; l’illusion d’une nation noire, se réclamant de son Afrique d’origine, et cherchant à y retourner. Les syncrétismes étonnants que l’on trouve chez Garvey notamment (un des premiers à proclamer l’Egypte une civilisation noire, il ira cependant jusqu’à fonder une église chrétienne orthodoxe où les représentations du
Christ et de Marie sont noires, le démon étant blanc- ce qui n’est pas sans rappeler le Blue eyed Devil de la Nation of Islam), montrent aussi le passif incroyable de la culture chrétienne sur les communautés noires.
Les références bibliques, passage obligé jusque dans les années 60, servent ainsi de base à toutes les revendications.
Les théories sionistes appuyées par les gouvernements occidentaux, finirent par trouver une issue matérielle. L’Israël fantasmée s’est ainsi matérialisée aux dépens d’une population bien présente. La réussite du sionisme juif est aussi d’avoir su utiliser le sentiment communautaire juif au service d’une cause et de présenter celle-ci de manière positive pour les grandes puissances mondiales. Si progressistes et racistes américains s’accordaient sur le mouvement de retour en Afrique, l’idée panafricaine s’opposait fatalement aux empires coloniaux européens, dans le cadre d’une revendication hors du Liberia. Le soutien des Etats-Unis aura donné lieu au fiasco libérien, et démonté avant même sa propagation les théories d’un retour harmonique au continent africain : la diaspora africaine n’est plus africaine ; les rapports entre les différentes communautés de la diaspora ne sont pas idylliques, tant les différences culturelles contredisent la notion d’un peuple noir unique. Mais le rêve sioniste noir est toujours rampant, et subtilement sous-jacent dans les discours sur le peuple noir.
Comme le dit Paul Gilroy, il faut parler plutôt d’Atlantique Noir que de nation ou peuple noir, tant l’espace atlantique est le seul que la diaspora africaine puisse légitimement revendiquer pour tous ses membres. L’Atlantique sillonné par les négriers, par les nègres, de la traite à nos jours, l’Atlantique réseau de résistance et d’existence pour la diaspora africaine, Atlantique Noir. Et l’Atlantique Noir est du Passage du Milieu, union sans exclusion, nation sans pays, diaspora africaine trouvant son identité dans l’inexistence d’un pays d’origine, et non pas dans un Sion fantasmé. S’il est un modèle à prendre, ce sera le juif errant plutôt qu’Ariel Sharon.
Parce qu’évidemment, les rapports existent, et le terme de diaspora nous vient de la diaspora originelle, celle que connaissent par éducation toutes les nations chrétiennes, celle du peuple juif. Exode connu de tous, référence quasi-universelle, c’est notamment ce statut qui a permis l’incroyable création de l’Etat d’Israël, où l’on a tout simplement effacé 2000 ans d’histoire, où se sont exprimées des revendication territoriales ancrées bien plus dans le mythe que dans une quelconque réalité socio-politique. Ce ne sera pas possible, et ce n’est pas souhaitable pour la diaspora africaine.
Comme le montre Baldwin dans son éditorial de 1967 Negroes Are Anti-Semitic Because They’re Anti-White (que vous pouvez trouver ici sur le site du New York Times moyennant une inscription gratuite), les Noirs américains sont chez eux. Ils n’ont nulle part où retourner. Ils n’ont nulle part où même espérer retourner. Il en va de même pour toutes les communautés qui composent l’Atlantique Noir, bateaux flottant sur un océan commun, se rencontrant, mais dont l’essence même est la dérive. Il y a une extraction originelle, dont les particularités ont été volontairement détruites, contrairement à ce qui est arrivé au peuple juif, dont la forte identité culturelle a été le ciment le plus solide. La culture "africaine" américaine est reconstruite car seulement présente en traces. Lui donner trop d’importance revient à essayer de calquer le modèle juif impossible ici, se trouver de ridicules Kwanzaa en l’absence de réelle Hanukkah, tout en prétendant leur conférer un caractère historique, sacré, religieux nié par l’absence même d’origine. C’est partir du sionisme pour tenter d’arriver au peuple juif. Le sentiment communautaire noir américain, et noir atlantique, est celui des déracinés, qui se savent une histoire commune, sans toutefois pouvoir la marquer plus qu’à l’échelle d’un océan et de ses côtes. Ce n’est pas l’inspiration juive, mais l’inspiration sioniste qui est une erreur dans les mouvements noirs, et dans le cadre issu de cette inspiration, c’est tout logiquement qu’à terme apparaissent des réactions antisémites, surtout aux Etats-Unis.
La communauté juive américaine est intégrée dans les années 60. Son dernier grand problème aux Etats-Unis est le procès des époux Rosenberg pendant la chasse aux sorcières dans les années 50. Pourquoi les juifs qui souffraient autant que nous sont-ils maintenant plus intégrés que nous, demandent les noirs américains, en se tournant vers Farrakhan pour des réponses faciles, erronées, mais qui renforcent tellement bien son point de vue rétrograde ? Le juif américain est devenu un chrétien, nous dit aussi James Baldwin, et c’est à ce titre qu’il est traité comme tous les autres hommes blancs américains par les noirs américains. A cette différence près que les juifs ont atteint les buts fixés par leur mouvement sioniste. A force de combats, grâce notamment à la création de l’Etat d’Israël, les juifs ont réussi à imposer au monde de regarder le traitement qui leur a été réservé durant tous ces siècles, et a fait de l’Holocauste le symbole ultime de l’infâmie, imposé à l’Histoire occidentale de regarder ses démons antisémites en face.
Pourquoi semble-t-il impossible de réussir une entreprise équivalente pour la diaspora africaine, pourquoi semble-t-il impossible de faire reconnaître la traite négrière, le saccage du continent africain comme les sommets de monstruosité qu’ils furent ? Quelles relations ont-ils que nous n’avons pas, pourquoi cela marche-t-il pour eux et pas pour nous ? La communauté juive est finalement montrée comme responsable du fiasco du sionisme noir, la rancune vient de ce que la théorie nationaliste noire copiée sur la juive est vouée à l’échec car elle ne nous correspond pas. Les juifs l’ont finalement trouvée, leur colline de Sion, et de ce bastion se sont imposés et ont imposé la reconnaissance de leur souffrance. Les juifs ont leur pays ; pourquoi pas nous ?
Parce que nous n’en avons pas. Parce que nous n’en bâtirons pas, si l’on est logique, parce qu’un Liberia (et un Israël, d’ailleurs) suffit pour prouver la vanité de cette entreprise inadaptée à la diaspora africaine. Parce que notre pays est un ensemble flottant de pays, de communautés, parce que notre pays est à tout jamais le bateau, le mothership de George Clinton, les navires stellaires et bateaux solaires de Sun Ra, avec des ports dans tout l’univers. Parce que l’Israël noir est un continent culturel et politique qui détruit les frontières.