A force de trainer avec des féministes, vlà t’y pas que je me mets moi aussi à choisir un polar au hasard, parce que son auteur est une nana. L’autre argument falacieux, c’est que le bouquin est petit, parfait pour deux heures à tuer. Le choix fut bon, l’auteure, Doris Gercke marchant sur les pas de Jim Thompson, avec cette forme particulière alternant une narration au présent et des récits à la première personne de la voix meurtrière. La campagne allemande profonde, perdue, belle mais alcoolique, archaïque, sexiste, rude et violente. Bella Block, inspectrice fatiguée,à la Derrick/Tatort, enquête sur deux suicides, dans ce village où elle a, il y a quelques années déjà, acheté une maison. Son espoir, passer quelques jours tranquilles à l’écart du commissariat pesant auquel elle est rattachée. Cette femme indépendante affectivement, professionnellement, cinquantenaire « se passant bien d’enfant »
et portée sur la vodka, observe d’un oeil critique la vie du village, sans trop y prendre part... Cherchez les femmes et vous les trouverez au fourneau, ou à s’occuper des cochons, la spécialité du village, parfumé au lisier. Un jour par an, le village s’active et se couvre de cotillons. Les femmes sembleraient presqu’enfin respirer...

En furetant un peu, j’apprends que ce personnage est célèbre [1]
chez nos camarades de l’autre côté du pont de l’europe et que « Aubergiste, tu seras pendu  » inaugure la série des Bella Block avec cette tragique et partiale dernière enquête officielle de l’enquêtrice. Paru initialement en 1998, ce sympathique - mais pas jusqu’à la transcendance quand même - petit livre n’arrive traduit chez Rivages qu’en ce mois de septembre 2004.