Ca fait maintenant deux semaines que s’est terminée la quinzaine de rencontres, campements et manifestations organisée par le collectif No border à Strabourg.
L’hystérie générale étant retombée, insomnie aidant lançons-nous dans un petit compte-rendu subjectif.
No border est un collectif international, un réseau plus ou moins formalisé d’associations et d’individus engagés dans des actions de résistance pratique à la construction et aux renforcements de la "forteresse Europe". Pour la liberté de mouvement et d’informer, explorant, n’en déplaise à Malek Boutih [1], des territoires fondamentaux de l’antiracisme. [2] : le soutien aux migrants, la lutte contre les nationalismes etc.
Ainsi, depuis 1998 échangent et agissent ensemble des associations de terrain européennes concernées par ces problématiques. Les deux actions principales du réseau : l’anti-deportation class et les campements internationaux "no border".
Bienvenue en classe déportation
No border se fait l’écho de différentes "campagnes" d’informations et d’actions contre des compagnies d’aviation européennes participant au rapatriement des migrants expulsés.
Ces "campagnes" visent à toucher les compagnies d’aviation là où ça leur fait mal au profit dans une situation où les états socio-démocrates, sous couvert de pression de l’opinion (immigrés=insécurité), ont tous opté pour une politique répressive.
Ces actions prennent des formes variées, occupations d’aéroports, information des salariés des sociétés, sites et brochures parodiants les prospectus des compagnies et des agences de voyage, détournements grandeur nature, "performances"... Une des campagnes les plus remarquées est celle qui est menée contre la Lufthansa par des activistes allemands mais on compte aussi des actions contre Tarom, une compagnie roumaine, Sabena, KLM ou Air France...
En attaquant l’image des sociétés aériennes, en impliquant les consommateurs et les employés, les anti-déportations utilisent la logique du système pour la subvertir et gêner la bonne marche des expulsions. Des engagements concrets ont été obtenus même si leur application n’est pas toujours respectée et difficilement contrôlable (cf Tarom). Des syndicats de pilotes refusent par exemple d’accueillir des personnes contraintes à l’exil et s’assurent que les expulsés sont vaguement "consentants", qu’ils ne sont pas contraints par la force et maltraités. Pas la panacée, mais un début de prise de conscience.
No border participe en outre, à une campagne de sensibilisation sur la situation des réfugiés tchétchènes.
Et ils ont donc, à leur actif, l’organisation de campements de protestations comme celui qui s’est tenu à Strasbourg mi-juillet.
De Rothenburg en 1998 à Strasbourg cette année, No border compte l’organisation d’une quinzaine d’évènements de ce type, dans des sites symboliques des politiques en matière d’immigration : Tarifa, la frontière polonaise, à Imatra (frontière Finno-Russe) pour l’Europe, mais aussi Woomera (Autralie) ou Tijuana au Mexique (le "borderhack" dont la troisième édition aura lieu au mois d’Août) .
Shutdown the SIS
Qu’est
ce que le SIS ?
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Les accords
signés au Luxembourg en 1990 outre la suppression des contrôles
douaniers aux frontières intérieures des pays membres (actuellement
18 États), le renforcement des coopérations policières
douanières et judiciaires comprennent la création et maintenance
du système d’information Schengen (SIS). Les contrôles
douaniers à l’intérieur de la zone étant "abolis"
le projet visait "tout d’abord" à gérer "les
flux transfrontaliers de la zone Schengen" et à étendre
la coopération policière dans la lutte contre les criminalités(vous ne saviez pas que les migrants faisaient partie de cet catégorie : maintenant vous le savez).
Mis en place grâce au support technique des sociétés IBM, ATOS et CSC, et opérationnel depuis 1995, le SIS est une gigantesque base de données qui communique avec d’autres charmants fichiers comme le RMV2(Réseau Mondial Visas 2) qui complète ses "limitations". Depuis le 11 septembre la "zone Schengen" se dote d’arsenaux législatifs |
Strasbourg est une charmante ville-façade, subtil mélange de bourgeoisie et de xénophobie rentrée comme sait si bien nous en pondre l’est de la France. Mais ce n’est pas pour son charme désuet et ses maisons à colombages qu’elle a été choisie pour accueillir le campement no border.
C’est parce qu’outre être une des villes parlementaires du conseil de l’Europe, c’est aussi la ville qui accueille le SIS (voir encadré).
Le campement de Strasbourg s’est donc organisé autour de cette thématique, liberté de mouvements, d’information et de communication, avec un certain nombre d’actions, d’ateliers et de rencontres. Ce fut aussi l’occasion d’expérimenter avec plus ou moins de réussite des formes d’autogestion et de vie collective alternative.
Il était possible de participer à des ateliers pratiques ou des discussions, et de partager à tout moment expériences de vies et/ou de luttes et de s’informer.
Une large place a été laissée à la communication alternative et à ses moyens avec les ateliers du d.sec, la radio en streaming et une tente mise en place par le collectif hollandais ascii mettant à disposition de chacun ordis et connexions pour diffuser les informations sur le déroulement du camp.
Ben d’accord mais c’est où que ça déconne ?
Avant d’entamer le petit round critique, finissons d’exposer avant d’exploser. Globalement, l’expérience fut enthousiasmante, même si quelques traces d’agacements pointent ici et là sur la "so-called" communication alternative comme barrage à toute épreuve contre le cirque généralisé des médias officiels. Sans parler d’un chouille d’énervement contre "les petits cons en mal de riot tour".
La suite de ce compte-rendu qui se veut subjectif à mort, partiel et partial est donc divisée en deux parties :
2. Aide -toi le ciel t’aidera : Drumnation, The voice e.V et le MIB, des migrants en mouvements
3. Minorités visibles, manifestations et traitement médiatique