Radio France, Radio France... Depuis hier tu te tapes sur le ventre pour saluer cet oscar qu’on a donné aux deux négros alibis. Oscars de mon cul...une fierté de pacotille, facile et bon marché. Comment peut-on se réjouir d’une telle mascarade ? [1]
C’est assez simple : il suffit d’avoir une conscience un peu mauvaise ou avoir cru lutter contre le racisme en s’agrafant une petite main sur sa veste dans les années quatre vingt, en écoutant Bashung et en invitant à dîner votre noir de service. (Devine qui vient dîner ? [2] C’est moi ! Et tu sais quoi ? Je n’ai pas de dope pour toi...)
La qualité du film, surtout n’en parlons pas. C’est quand même pas mal pour un nègre. Et la foule de basanés d’applaudir en s’appelant mon frère, ma soeur [3]. Quel tournant ?
Quelle victoire !
Récompenser un mec qui refuse des rôles parce qu’il doit embrasser une blanche à l’écran (il a refusé de jouer dans Jungle Fever de Spike Lee pour cette raison semble-t-il) c’est certainement une grande idée pour l’anti-racisme. Mais est-ce encore d’actualité l’anti-racisme, la mixité ? Vivons séparés...
Quel tournant ! Surtout pour ceux qui croupissent en prison, se défoncent au crack avec la bénédiction de la C.I.A, les filles mères et j’en passe... Mais dans le monde d’aujourd’hui ne comptent que les effets de représentation. Las, les Rosa et les Angela versent une larme en pensant à leurs efforts passés.
En tout cas, ici on se réjouit en regrettant qu’Amélie n’aie pas eu sa part du gâteau à la chantilly.
Pourquoi cette remise de statuette est accueillie de cette facon ?
Cintra Wislon, une journaliste de Salon, résume depuis l’autre côté de l’atlantique noire la mascarade en une phrase : « Et bien, comme les Oscars de cette année sont déjà foutus (c’est la cérémonie d’après la fin du monde du 11 Septembre) encensons nos Nègres, ca faisait un bail. Si on appelait Whoopi [4]. » Et d’enchaîner : pourquoi cette remise de statuette est accueillie de cette facon ? Mais parce que c’est l’année des noirs et des handicapés plein de dignité... [5]
Et là, elle touche quelque chose dont nous ne sommes pas exempts du tout. Rappelez-vous l’après 98. La France bleu blanc noir rouge... Thuram perce le filet et on est tous frères...
Mais c’est quoi, l’année des bancals ?
C’est une période où un petit monde (presse,télé,militants de la gauche plurielle...) se félicite de n’être plus si européocentré que ça en distribuant qui des statuettes, qui des ballons dorés ou une exposition médiatique éphémère à des représentants exemplaires de l’une (Maghreb,caraïbes ici) ou l’autre (afro-américains) minorité nationale respective. On a eu Amina [6] et le concours de l’eurovision. Ils ont Halle Berry.
Ça dure quoi, une année et les même âneries recommencent. Ici en France c’est surtout autour du sport et de la musique que ces grands périodes d’accalmie anti-racistes et oecuméniques ont lieu. Aux USA, on se dédouane d’un quotidien pas très brillant au cinéma.
Et l’industrie cinématographique fait des choix parcimonieux mais incontestables selon sa grille de critères de qualité : Denzel est trop chou, top beau, un gendre idéal et son dernier film, c’est pas Malcolm X alors ça tombe bien.
Mais pourquoi s’offusquer. L’oscar du meilleur documentaire revient à une production française ! Et vous savez quoi, il passera bientôt sur France 2. Si ça c’est pas du service public...